Titre : L'Homme enchaîné : journal quotidien du matin / rédacteur en chef, Georges Clemenceau
Éditeur : (Paris)
Date d'édition : 1915-04-30
Contributeur : Clemenceau, Georges (1841-1929). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 avril 1915 30 avril 1915
Description : 1915/04/30 (A2,N207). 1915/04/30 (A2,N207).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-231
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/02/2014
DEUXIEME ANNEE. — N° 207,
Le JKTuméro s CINQ CENTIMES
VENDREM 30 AVRIL 1915.~:
Rédaction qt Administration, 13 et 15, rue Taitbout, Paris
TÉL. TRXJDAINE 57-98, 57-99; APRÈS àmîmt, CENTRAL 43-71
ÀDBBSSE TÉLÉGRAPHIQUE : LHOULIBRB-PARXS
FRANÇOIS ALBERT
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA RÉDACTION
JOURNAL QUOTIDIEN DU MATIN
Rédacteur en Chef : G. CLEMENCEAU
ABONNEMENTS tnlllltll Sx stli Ce m
PARIS, SEINE, SBT-OIa. 5 fr. tO fr, 20 fr.
DÉPARTEMENTS. 6 fr. 12 fr. 24 fr.
ETRANGER (UNION POSTALE).. 9 fr. 48 fr. 35 ft.
tOBUOTt, ANNONCES. PETITES ANNONCES : AUX BUREAUX Du LONUI
A. BERNIER
DIRECTEUR-ADMINISTRATEUR
La CmjmtiM
, de cal
Voici venir la question du maintien
ou de la clôture de la session parlemen-
taire. Comme j'ai eu l'occasion de le
dire, l'autre jour, la grande pensée du
règne est de débarrasser le gouverne-
ment du contrôle muet des deux Cham-
bres, qui ne peut le gêner en aucune
façon, — sénateurs et députés ne de-
mandant qu'à l'aider s'il demeure fidèle
à l'intérêt public, — mais dont la seule
présence suffit à le contrarier dans son
usurpation d'autocratie.
On n'a pas oublié avec quel entrain
de dévotion parlementaire M. Poincaré,
partant pour Bordeaux, invita le Parle-
ment à venir se ranger autour de lui.
Nos Ajax en pantoufles avaient besoin
ce jour-là d'un bouclier. En toute sim-
plicité d'esprit, Luxembourg et Palais-
Bourbon accoururent pour se voir ac-
cueillir, sous l'aile un peu défrisée de
MM. Antonin Dubost et Paul Deschanel,
en un casino délabré, où il leur fut
donné pour consigne de se présen-
ter autant que possible en ordre dis-
persé. Les braves gens s'étonnèrent un
peu, car il y a une grande part de can-
deur dans la « rouerie parlementaire »,
mais ils se dirent que puisqu'on les avait
appelés et qu'ils avaient répondu « pré-
sent », il ne leur restait plus qu'à at-
tendre au'on eût besoin d'eux.
Il n'était pas absurde, en effet, de con-
cevoir la pensée d'une collaboration
permanente de la représentation natio-
nale et du gouvernement. A vrai dire,
l'esprit du régime exigeait qu'il en fût
ainsi. Mais l'esprit du régime - l'événe-
ment n'allait pas tarder à le prouver —
était le moindre souci de notre troupe
d'artistes en tournée de gouvernement.
L'idée qu'il leur viendrait une force
d'un étroit accord avec les représen-
tants du pays dans la conduite ration-
nelle de la défense nationale, à l'heure
où le fléchissement de nos armes exi-
geait une concentration supérieure de
nos activités civiles et militaires, ne se
présenta point à leur pensée. Ils ne vi-
rent, en des patriotes qui ne deman-
daient qu'à bien servir, que des gêneurs
dont l'œil vigilant pouvait les contraindre
peut-être à des aveux de négligences, et
comme l'infatuation est la première con-
dition de l'insuffisance, le secours d'un
contrôle amical - efficace pour qui
n'avait en vue que le bien de l'Etat —
leur parut odieux. C'est pourquoi
MM. Antonin Dubost et Deschanel, ar-
rivant un matin, chacun à son casino
respectif, apprirent, dans les lueurs
d'auréole que leur faisaient des lam-
beaux de décors pour cafés-concerts,
que la porte était fermée, et que la clef
s'en trouvait au plus profond de la po-
che de M. Viviani.
Le plus beau fut qu'il se trouva des
députés et même des sénateurs pour
s'en émouvoir. Ils n'avaient comnris la
scène de l'orangerie de Saint-Cloud
qu'avec des grenadiers baïonnette au ca-
non, et se trouvaient mal préparés à
qui leur disait, en souriant : « C'est
la loi ! ». Et c'était la loi, en effet, une
loi qui n'avait pas prévu les Allemands
sur la Marne et sur l'Oise, et permettait
à dp présomptueuses faiblesses de s'ar-
roger une puissance sans contrôle, au
moment même où des hommes, qui
n'auraient eu de pensées que pour la
patrie, eussent senti le plus vivement
le besoin d'être contrôlés, c'est-à-dire
fortifiés de l'aide précieuise venue des
représentants autorisés du pays.
Il ne fut donc pas même besoin d'un
simili-Fructidor, et, de ce jour, com-
mença la sorte de gouvernement irres-
ponsable, — créée de toutes pièces par
M. le Président de la République, en
dehors de toute indication parlemen-
taire, — qui se donna pour mission de
faire, sans aucun contrôle, tout ce qu'il
voudrait. Ce programme, je dois recon-
naître qu'il l'a consciencieusement ap-
pliqué. Nous en arriverons, quelque
jour, à la révélation des conséquences.
Mais, ainsi que je l'ai déjà dit, c'est le
moindre embarras de nos doux maîtres,
estimant que l'insuccès aurait tout en-
traîné, fautes et bons services, dans le
même torrent tumultueux, tandis que la
victoire ne laissera plus de place qu'au
général besoin de s'embrasser.
Epanoui dans ces nobles pensées,
M. Viviani reçut la visite de quelques
protestataires qui venaient troubler de
paroles aigres-douces la sérénité de ses
jours. Parmi eux, une représentation de
la Gironde ne craignit pas de manifes-
ter son innocence par une demande d'ex-
plications. M. le président du conseil
refuse rarement une occasion de parler.
Il parla donc., en ces périodes nombreu-
ses qui sont la marque de son talent ora-
toire, et révéla d'un trait, à ceux qui
venaient l'interroger, un secret plein
d'horreur. S'il aivait dû clore la session
des Chambres, alors qu'elles n'étaient
pas réunies, c'est qu'un certain factieux,
dont vous trouverez le nom au bas de
cet article, avait conçu le projet révolu-
tionnaire de faire convoquer le Parle-
ment par une intervention, légale, mais
séditieuse, des deux présidents. Le dan-
ger de l'heure, à en croire le chef de no-
tre gouvernement, était moins dans la
présence des Prussiens sur la Marne et
dans l'impréparation de certains élé-
ments de la défense, qui leur avait
permis cette foudroyante ruée, que dans
l'intention criminelle d'un parlemen-
taire capable de concevoir la pernicieuse
pensée, en de telles circonstances, de
faire appel au Parlement.
« C'est M. Clemenceau, dit-il en ter-
mes. exprès, à des députés dont je puis
citer. le nom, qui m'a mis dans l'obliga-
tion de prononcer la clôture des Cham-
bres, car il avait conçu le projet — tout
près d'un commencement d'exécution —
de provoquer, au prochain jour, une
session du Parlement. Il était temps
d'aviser. »
Si ces paroles étaient mises en doute,
je me hâterais d'en fournir la preuve,
en invoquant le témoignage de ceux qui
me les ont rapportées.
Qu'était-il donc arrivé ? Comment
s'étaient manifestés les projets de Cati-
lina ? En deux mots, voici l'affaire.
J'étais un soir, aux bureaux de lHom-
me, alors libre, en train de corriger mes
épreuves, lorsque je vis entrer une dé-
légation d'une grande ville du Nord,
comprenant un membre de la munici-
palité, qui, ne sachant plus à qui avoir
recours, venait m'exposer des faits de
la plus haute gravité, dont les yeux de
mes interlocuteurs avaient été témoins.
Ecoutant ce récit, les sinistres souve-
nirs de 1870 se dressaient soudainement
dans l'angoisse de mon esprit. Je puis
bien dire, sans manquer aux devoirs
de la discrétion, que la question dont
on venait m'entretenir avait été déjà
portée à ma connaissance par un per-
sonnage autorisé,-- d'une opinion poli-
tique fort éloignée de la mienne — qui
m'avait fait appel, au nom d'un patrio-
tisme commun, pour prévenir de graves
dangers. Je m'étais tout aussitôt mis en
marche pour aller solliciter la vigilance
d'une très haute personnalité. La ré-
ponse que je reçus, je ne veux pas, je
ne dois pas la dire en ce moment. Mais
elle fut telle, que je ne vis plus, sous
notre décor de puissances gouvernemen-
tales, qu'une organisation d'irresponsa-
bilités.
L'extrême confiance qui m'était venue
de la marche excellente de notre mobi-
lisation et de la magnifique ardeur de
nos combattants reçut, j'en fais l'aveu,
une fâcheuse atteinte, et lorsque, au mal
qui m'avait été signalé pour un prochain
avenir, je vis succéder, d'après des té-
moignages authentiques, les faits qui
m'avaient été prédits, je me demandai,
en cette terrible crise, à qui je pourrais
recourir.
La défaite, que j'avais précédemment
rencontrée en haut lieu, me détournait
d'une nouvelle tentative, dont l'insuc-
cès, par l'événement même, ne m'était
que trop bien démontré. C'est ainsi que
le naturel progrès de mes pensées m'a-
mena à considérer que la puissance sou-
veraine, dans notre République, était
remise au Parlement, d'autant que, s'ils
le jugeaient nécessaire, les présidents
des deux Chambres avaient le pouvoir
de réunir les Chambres en session. Je ne
crois pas que ce fût la pensée d'un
factieux, et si j'avais la liberté d'expo-
ser les récits dont je reçus la confidence,
je ne crois pas qu'il se1 trouve un
bon Français pour me blâmer d'avoir
cherché l'appui de la souveraineté lé-
gale, pour des actes de défense militaire,
— à la veille d'événements qui amenè-
rent, sans même que le commun d'entre
nous y. eût été préparé, les Allemands
aux portes de Paris.
Et comment ma « conjuration » fut-
eue macmnee ; u une iaçon très simple.
Je demandai à mes trois visiteurs
s'ils étaient prêts à signer de leur nom
le témoignage qu'ils étaient venus m'ap-
porter, et lorsqu'ils m'eurent répondu,
tout d'une voix, par l'affirmative, décla-
rant qu'ils étaient venus pour cela, je
priai immédiatement, par la voie du
téléphone, MM. Antonin Dubost et
Paul Deschanel de vouloir bien re-
cueillir le soir même la déposition qui
venait de m'être apportée. Ces mes-
sieurs voulurent bien agréer ma propo-
sition, et pour corser ma conjuration,
je me permis de solliciter de M. Ribot
de consentir à se joindre à moi, — mar-
quant ainsi, n'est-ce pas, la noirceur de
mes opérations subversives. Puis M. le
sénateur Perchot m'étant venu voir, je
ne pus me tenir de lui faire mes confi-
dences, et il fut convenu qu'il m'accom-
pagnerait. Si j'avais rencontré dix ou
cent parlementaires, je les aurais sup-
pliés de venir.
La réunion eut lieu, quelques heures
plus tard, dans le cabinet de M. Descha-
nel, dont j'admirais, pour la première
fois, les splendeurs. Contraste doulou-
reux du décor et des réalités cruelles
qui y apportaient un trop poignant com-
mentaire. Solennellement interrogés,
les témoins firent leur récit qu'ils si-
gnèrent, après l'avoir eux-mêmes ré-
digé. Le document doit être encore aux
mains de M. Paul Deschahel. M. Ribot,
(avec qui je n'avais pas eu de conversa-
tion préalable), aussi bien que M. Per-
chot ou moi-même, nous fîmes of-
fice de témoins. Aucune proposition
d'aucune sorte ne fut formulée par au-
cun de nous. Il nous sembla que pleine
liberté devait être laissée à l'initiative
des deux présidents.
Je n'ai point à cacher qu'en ce qui
me concerne, si j'avais eu l'honneur
d'occuper la place de l'un d'eux, j'au-
rais cru que ma responsabilité me
conviait à un devoir d'action, sous
une forme à déterminer. Dans leur
pleine indépendance, ces messieurs en
jugèrent autrement. Ils ne pensèrent
pas même que la simple courtoisie pût
les inciter à me faire savoir quelle suite
ils avaient donnée à la requête d'une
grande ville éplorée. Je n'en ai jamais
parlé à M. Dubost, et M. Deschanel,
qui vint me faire visite à Bordeaux,
n'ouvrit pas la bouche à ce sujet. J'ai
su, depuis, que l'un d'eux avait allégué
que, M. Ribot ayant accepté de faire
partie du nouveau cabinet, il leur avait
paru inutile d'entrer, sur cette affaire,
en conversation avec le gouvernement.
Voilà ma conjuration. Je n'en désa-
voue rien. Je ne m'en vante pas davan-
tage. Mon acte, où' ie défie qu'on voie
une autre préoccupation que celle de la
patrie à secourir, fut de pure défense
nationale. Il a fallu des Viviani, et d'au-
tres à qui je fais la grâce de ne pas les
nommer, pour y chercher de basses pen-
sées où je n'aurais pu être que le reflet
de leurs propres cogitations. Ainsi, mes
collègues du Parlement apprendront
pourquoi, de l'aveu de M. Viviani lui-
même, le cabinet a cru devoir clore une
session qui n'était point ouverte, dans
la crainte (bien chimérique) d'un con-
trôle du Parlement. A chacun sa res-
ponsabilité.
Quand le grand avocat — un avocat
d'action — qui abattit Catilina l'ancien
eut pris sur lui de disposer du sort des
coupables, il parut au sommet des de-
grés des Gémonies, et, devant la foule
enfiévrée de passions contradictoires,
jeta superbement, en audacieuse som-
mation d'une responsabilité qui venait
s'offrir, le mot terrible : Fuere. ILS
ONT vÉcu. Voilà ce qu'on ne dira jamais
de MM. Millerand, Viviani, Poincaré.
G. CLEMENCEAU.
A la suite de la décision prise par
notre rédacteur en chef d'envoyer à tous
les membres du Parlement le texte inté-
gral de ses deux derniers articles sur
les embusqués, un certain nombre de
nos abonnés nous ont demandé à béné-
ficier du même avantage.
Heureux de pouvoir leur donner cette
satisfaction, nous informons tous nos
abonnés que nous leur adressons, par
la poste, ces deux articles non mutilés.
Échos
Le coton, maintenant
'Après les trains de denrées, voici que des
trains successifs chargés de coton' sont di-
rigés sur la Suisse, après un long transit
en France.
De nombreux lecteurs nous signalent les
faits et s'en inquiètent..
ww
Pas de représailles
Les discours prononcés dans les deux
Chambres anglaises aux cours des débats sua
les mauvais traitements infligés, par les Al-
lemands, aux prisonniers anglais, révèlent
nettement une exaspération des sentiments
d'hostilité à l'égard de l'ennemi boche. D'un
ton calme et r ésolu, plus impressionnant et
plus expressif que toute rubrique, les ora-
teurs qui se sont succédé ont exprimé le
vœu que pleine réparation fût exigée.
Cependant, aucun d'eux n'a demandé de
représailles aux dépens des prisonniers alle-
mands en Angleterre. « La peine du talion
n'est plus anglaise », comme l'a très bien
dit un des orateurs, :lord Newton, qui, pré-
cisant sa pensée, a ajouté : « Dans une
course à la brutalité, il est de notre devoir
de nous faire distancer dès l'abord. »
Même le « traitement spécial » infligé
aux équipages de sous-marins. qui avait été
défendu par M. Winston Churchill comme
« juste et nécessaire a , n'a pas trouvé d'au-
tre appui. On a convenu que les peines frap-
peront, quand la guerre sera fini, ceux qui
avaient ordonné et couvxjrt ces atrocités.
Nous progressons toujours en Belgique
Attaques austro - allemandes repoussées
* au nord de la Vistule et dans les Carpathes
»
On comptait sur la vétusté des forts de
la cote d'Europe et d'Asie, sur leur man-
que de munitions, sur la maladresse des
artilleurs.
D'autre part, on fondait les espoirs les
plus certains sur l'artillerie lourde des
superdreadnoughts anglais, quant à leur
puissance de tir et au poids de leurs pro-
jectiles.
Ceux-ci ont répondu à ce qu'on attendait
de leur action, mais la défense des détroits
était mieux organisée qu'on ne le suppo-
sait. Il s'en est suivi l'échec, par mer, de
la flotte franco-anglaise.
Pendant deux mois, à la suite de cet
insuccès, nous avons formé un corps ex-
péditionnaire destiné à opérer sur terre.
Après divers avatars, cette armée, compo-
sée d'Anglais et de Français, a débarqué
sur divers points du territoire turc. Les
Ottomans avaient eu le temps de se prépa-
rer à nous recevoir, sous la direction ues
officiers allemands
Nous avons trouvé les côtes de la pres-
qu'île de Gallipoli hérissées de fils de fer
barbelés, percées de trous garnis de piques
aiguisées. La résistance à notre débarque-
ment et à notre avance a été forte ; nous
en avons triomphé.
Mais il ne faut pas croire que les opéra-
tions contre les troupes turques seront fa-
ciles. Nous irons, certes, à Constantinople,
mais après des efforts coûteux et persé-
vérants.
Communiqués officiels
45 heures.
En Belgique, nous avons continué à pro-
gresser, en liaison avec les troupes beiges,
vers le nord, sur la rive droite du canal
de l'Yser. Nous avons fait cent cinquante
prisonniers et pris deux mitrailleuses.
Rien de nouveau sur les lauts-de-Meuse
ni dana les Vosges.
L'ennemi a. Íbomoovdlé par avions avec
des obus incendiaires la ville ouverte
d'.Epenrl:ay, exclusivement occupée par des
formations sanitaires.
Des renseignement précis annoncent que
lie zeppelin qui a jeté des bombes il y a
'huit jours sur Dunkerque, gravement at
teint .par notre artiliterie, et complètement
Ihors de service, s'est édhioué dans des ar
bres entre Bruges et,-Gand.
23 heures.
Journée calme. Pendant la nuit de mer
credi à jeudi, deux attaques allemandes
l'une contre les troupes belges, au non
d'Ypres, l'autre aux Eparges, ont été faci
lement repoussées.
COMMUNIQUÉ ANGLAIS
Londres, 28 avril. — Communiqué du
maréchal Frenah, du 28 avril :
Le combat a continué pendant toute la
journée d'hier au nord-es.i: d'Yprea.
Nos opérations, faites de concert avec les
Français, ont arrêté définitivement les at-
taques allemandes, qui ne se sont pas
renouvelées.
Depuis hier matin, il n'y a plus d'Alle-
mands à l'ouest du canal, sauf à Etteen-
fraat, où ils ont établi une petite tête de
pont.
Les Français et les Anglais, en JVae de
modifier leurs postions, ont dû livrer des
contre-attaques au nord du saillant
d'Ypres.
Pour résister à ces contre-attaques, les
Allemands ont eu de nouveau recours à
l'emploi de gaz asphyxiants et à des obus
fabriqués en violation de la convention
de !a Haye.
Rien à signaler sur le reste du front.
DEUX COMMUNIQUÉS RUSSES
Pélrogmd, 27 avril. — Communiqué du
grand état-maijor :
Le 27, les éléments ennemis ont mani-
festé une activité ini&nse dans les direc-
tions de Tilsitt, Szawle et Yurborg, sur le
haut Niémen.
A Pouest du Niémen, sur la Szeszupa,
des rencontres se sont produites, qui ont
tourné à notre avantage.
Près de Kalv/arja et prite dOssowiec, on
ne signale qu'une canonnade.
Au nord de la Narew, dans la matinée
du 27, les Allemands ont tenté plusieurs
attaques sur les deux rives de l'Orzyc.
Nous avons repoussé plusieurs attaques,
après des IICOmbats à la baïonnette, dans
les environs du village de Jednorozec.
A l'ouest du chemin de fer de Mlawa,
nous avons repoussé aussi les tentatives
des avant-gardes ennemies pour pousser
en avant.
l'Jans les Carpathes, près du col d'Uzsok,
nfJUS avons repoussé, le 26, et dans la nuit
du 27, des attaques que l'ennemi avait di-
rigées isolément, mais avec une grande
'énergie, contre les hauteurs situées au
nord-est des villages de Lubnia et de
Butna. Llennemi a éprouvé des pertes im-
portantes, notamment sur nos barrages de
fil de fer.
Dans la direction de Stryj, les combats
acharnés continuent.
Dans ta région qui s'étend au sud de
Koziowka, l'ennemi a tenté le 25 un assaut
contre notre front KozSowka-Golowiec, mais
il a été repoussé par des contre-attaques
heureuses à la baïonnette.
Pétrograd, 29 avril. — Communiqué de
l'état-major die l'armée du Caucase, du
27 avril :
On signale une escarmouche insigrfx-
fiante da~c la réxlon du Transtehorokh
Dans l'Azerbeidjan, nos détachements
avancés ont délogé tes Turcs de Kotour.
Pas de changement sur les autres fronts.
COMMUNIQUÉ AUTRICHIEN
Amsterdam, 28 avril. — Communiqué
autridhiien :
« Dans les Carpathes et en Pologne
russe, de violents duels d'artillerie ont eu
lieu.
« Notre artillerie a fait sauter deux dé-
pôts de munitions ennemis. Dans la région
à l'est de .La ihauteur d'Ostry, nous avons
repoussé plusieurs attaques nocturnes. Au
sud-est de la Gailicie et en Bukovine, rien
d'important à signaler. »
L8 Perte du Il Léon-Gambett8
i ———
LE CROISEUR-CUIRASSÉ A ÉTÉ COULÉ
PAR L' « U-5 »
Amsterdam, 29 avril. — D'après une dé-
pêche de Vienne, le département naval an-
nonce que c'est le sous-marin U-5, comman-
dé par le lieutenant Georges Ritter von
Trapp, qui a torpillé et coulé le croiseur
cuirassé Léon-Gambetta dans la mer Io-
nienne.
FUNÉRAILLES DE 59 VICTIMES
Castrignano-del-Capo, 29 avril. -' Hier
ont eu lieu les funérailles de 59 marins du
croiseur-cuirassé Léon-Gambetta. Les cer-
cueils disparaissaient sous les fleurs que
la population avait déposées sur chaque
bière.
En tête. du cortège marchait un peloton
des matelots survivants du Léon-Gambetta,
entourés des officiers et des marins des
torpilleurs italiens.
Les survivants, a. l'issue de la cérémonie.
se sont embarqués pour Syracuse, sauf
une quinzaine de blessés, qui ont été trans-
portés à l'hôpital de Brindisi.
UN TÉLÉGRAMME
DU MINISTRE DE LA MARINE
Le ministère de la marine communique la
note suivante :
A l'occasion de-la perte du croiseur-cui-
rassé Léon-Gambetta, M. Victor Auga-
gneur, ministre de la marine, a adressé à
M. le vice-amiral Boué de Lapeyrère, com-
mandant en chef la première armée. na-
vale, le télégramme suivant :
Je vous exprime, au nom du gouvernement,
ainsi qu'à l'armée sous vos ordres, toutes nos
sympathies et nos regrets émus. L'héroïsme
des états-majors restés stoïquement à leur
poste et la bravoure de tous les marins vien-
nent de s'affirmer à nouveau par.la fin du
l.éon-Gambetta. Pour continuer la guerre vers
la victoire définitive, le gouvernement de la
République sait qu'il peut compter sur tous.
D'autre part, rattaché naval de France
à Rome a reçu du ministre de la marine
l'ordre de se rendre auprès du ministre de
la marine italienne pour le remercier de
l'empressement avec lequel les autorités
navales italiennes ont organisé les secours.
LES REMERCIEMENTS
DU GOUVERNEMENT FRANÇAIS
A L'ITALIE
Rome, 29 avril. — L.'Idea Nazionale an-
nonce que M. Barrère a rendu visite, hier
matin, à M.. Sonnino, ministre des affaires
étrangères, et qu'il a communiqué à ce
dernier un télégramme par lequel le gou-
vernement français exprime la plus vive
reconnaissance envers l'Italie pour l'affec-
tueux et prompt secours apporté aux sur-
vivants du Léon-Gambetta, non seulement
par les autorités militaires et civiles, mais
aussi par la population italienne.
LES SYMPATHIES ANGLAISES
Londres, 29 avril. — L'Evening Standard
écrit :
De ce côté de la Manche nous sympathisoné
avec les Français en raison du désastre du
Léon-Gambetta. Les pertes qu'ils ont éprou-
vées sont nôtres. Unis par des liens indes-
tructibles. par les armes et par le cœur, ce
deuil nous rapproche encore plus étroitement
et nous rend plus que jamais décidés à tenir
jusqu'au bout.
La Pall Malt Gazette écrit :
Le sous-marin vient encore de prouver son
pouvoir destructif. Nous qui avons souffert de
cette guerre sous-marine, nous avons le dou-
loureux devoir d'offrir toutes nos sympathies
à la flotte alliée française pour la perte du
Léon-Gambetta.
Le Forcement des Détroits
AVANCE DU CORPS EXPÉDITIONNAIRE
DANS LA PRESQU'ILE DE GALLIPOLI
Londres, 29 avril. — Le ministère de la
guerre publie la note suivante :
« Malgré la résistance continuelle qui
leur fut opposée, nos troupes se sont éta-
blies transversalement à l'extrémité de la
presqu'île de Gallipoli ; leur ligne va d'un
point situé au nord-est d'Eski-Nissarlik
jusqu'à J'embouchure d'une rivière sur la
côte opposée.
« Elles ont repoussé aussi toutes les atta-
ques à Sari-Bair et avancent constamment.
« Les Turcfe avaient fait de nombreux
préparatifs pour entraver notre débarque-
ment ; les barrages de fil de fer s'étendaient
au-dessous des vagues, aussi bien que sur
terre et des fosses profondes, dont le fond
était garni de pointes de métal, avaient été
creusées pour arrêter nos troupes ; celles-
ci ont surmonté tous les obstacles. »
LES FORCES TURQUES
AUX DARDANELLES
Athènes, 29 avril. — Selon des infor-
mations reçues de Constantinople, les for-
ces turques réunies dans la presqu'île de
Gallipoli et aux Dardanelles s'élèveraient
au total de 50.000 hommes environ.
De nouveaux corps, placés sous le com-
mandement d'officiers allemands, seraient
dirigés vers Les points stratégiques sur les
bords de la mer de Marmaira.
(La suite en deuxième MM Y
Carnet des Embusqués
Nous, n'avons pas l'habitude de nous atta-
cher à des personnalités. Mais plusieurs jour-
naux de Paris avant cru devoir entretenir
leurs lecteurs de f « affaire Tenot », nous ne
résistons pas davantage au désir de publier
la lettre suivante :
Monsieur le rédacteur en c-be-,
Le Journal officiel du 18 avril, nous a
appris qu'en rem placement de M. Gabelle,-
appelé à d'amtres fonctions, M. Tenot était
nommé directeur' de l'enseignement tech-
nique iaju ministère du commerce.
M. Tenot n'est donc pas soldat ? Il n'a
pas cpairante ans. Il passe pour habitué
aux luttes politiques, ce qui suppose quel-
ques aptitudes bellliq,â,eus.es. Je l'imagine
néanmoins dégagé, légallement, de toutes
obligations militaires : est-Ce à M .T.anoi
qu'il convient de faire appel pour diriger
un service qui sera, demain, t.un des roua-
ges 'les plus importants de la' machine ad-
ministrative ? Me sera-t-il permis d'insi-
nuer que pour occuper un tel poete il eût.
été peut-être bon de cihoisir un homme da
compétence éprouvée ?
N'ôtes-vous pas d'avis surtout qu'il au-
rait été préférable, pour procéder à cette
nomination, d'attendre que tous les can-
didats, partis pour la front, en fussent
revenus ? L'un d'eux, inspecteur générai
de renseignement technique, est en terrh
toire envaihi ; on n'a pas de ses nouvelle®
depuis des mois. A-t-on eu naision de pren..
dre son silence pour une renonciation ï
Et ne pensez-vous pas qu'au temps où
nous vivons il conviendrait de ne pas ré-
server les places intéressantes à ceux que
les circonstances tiennent éloignés d,u
front ?
Veuillez .agréer, etc.
L utilisation des forces
mobilisables. en Hongrie
D'après un télégramme de Budapest 4
â agence Wolff, la Chambre Hongroise,
après des déclarations patriotiques d'An..
drassy, au nom de l'opposition, a voté à"
l'unanimité la loi (appelant les (hommes de
18 à 50 ans, à la condition que le deuxième
ban du landsturm et les recrues de .JS-
ans ne pourront être convoqués sur le front
que lorsque les troupes de première ligne
et les réserves auront été complètemenl
appelées. -//
L'appréciation d'un Neutre
NOS TROUPES
JUGÉES
par le correspondant
du "New-York Times'*
M. Wythe Williams, dont nos lecteurs ont
déjà pu apprécier Je témoignage,, a été auto-
risé. à parcourir les lignes françaises. C'est
un observateur précis qui a su voir et juger
l'armée française: Il va publier SM1 impris.
sions dans le New-York Times. Nous en' ex-
trayons ces passages très intéressants :
Sous la direction d'un officier de l'état-
major du général Joffre, je viens de faire
ma deuxième tournée le long d'un grand
secteur du front français. D'après ce que
j'ai vu de l'armée française — dont la
campagne de printemps est maintenant
bien commencée, — j'ai la certitude que
j'ai été témoin du commencement de la.
fin de l'Allemagne, -7 dans le théâtre occi-
dental .au moins, — ce qui veut dire du
commencement de la fin de la guerre. Je
suis sûr qu'il y aura très peu de « sensa-
tionnel » dans tout ce qui sera écrit sur
cette offensive qu'on appellera « l'offensive
de Joffre », car ce Napoléon de 1915 a
abandonné la stratégie à grands effets de
son modèle, désuète dans la guerre mo.
derne. La seule différence entre son « gri-
gnotage » de l'hiver et le « grignotage »
de maintenant est que, ces jours-ci, il
« grignote » à plus grandes bouchées. J'ai
vu ie mur d acier de la France avancer
pouce par pouce, kilomètre par kilomètre,-
et sa pression devenir chaque jour plus
intolérable pour les Allemands. Nulle •
force humaine ne peut résister à cette
poussée terrible et méthodique. Un jour
viendra où leurs lignes s'effondreront d'un
coup. C'est déjà avec une fureur désespé-
rée que les Allemands contre-attaquent,
en rangs serrés, poussant leurs « Horils),
rauques comme des rugissements de bêtes :'
affolées, et le vacarme de l'afrtillerie fran-
çaise éteint tout cela en les fauchant avec
sa précision fatale.
J'ai visité une tranchée d'observation,
bien en avant des lignes, j'y suis parvenu
en rampant sans bruit, — toute parole
était défendue, — et j'ai vu, à l'aide d'un
périscope, les tranchées allemandes à vingt
mètres à peine. Dans l'intervalle s'entre-.
mêlaient une masse de fi.15 de fer barbelé,
et mon guide attira, mon attention sur
plusieurs fils coupés. Quand nous fûmes
revenus de ce point dangereux, il m'expîi.
qua que deux nuits auparavant l'ennemi
s'était élancé et avait réussi à couper la.
moitié des fils avant que l'alerte fût don-
née.
Quarante secondes plus tard, ni plus ni
moins, l'artillerie française travaillait, et
ce fut une boucherie. Dans nos tranchées,
les fantassins n'eurent presque point à
tirer, si admirablement à point fut le tra-
vail d.es « soixante-quinze ». Et pour l'exé-
cuter les servants des batteries, cachées à
quelques kilomètres en arrière, reçurent
l'ordre de tirer sur un point qu'ils ne
voyaient pas, mais déterminé par les chif-
fres du mathématicien à l'autre bout du
téléphone. De tels incidents sont fréquents
tout le long de la ligne, toujours la nuit,
et chaque fois les Allemands y perdent.
Nous eûmes les preuves usuelles de la
brutalité teutonne. Nous étions à Amiens
quand les aviateurs allemands firent une
attaque contre la cathédrale. C'était l'aube,
nous nous préparions pour une bonne
éta,pe en auto, quand des bombes tombée
rent à quelques centaines de pas et tuè-
rent des femmes et des enfants, sans at4
teindre la cathédrale. Le commandanf
d'artillerie nous raconta que, pendant une
attaque allemande qui eut lieu peu avant
notre arrivée, on entendit des femmes hur.
ler. Une compagnie française avança vers
ces cris. Un officier allemand cria ( Ne
tirez pas, il y a des femmes devant nous. ):
Ces Dionniers de la civilisation avait réttjg
Le JKTuméro s CINQ CENTIMES
VENDREM 30 AVRIL 1915.~:
Rédaction qt Administration, 13 et 15, rue Taitbout, Paris
TÉL. TRXJDAINE 57-98, 57-99; APRÈS àmîmt, CENTRAL 43-71
ÀDBBSSE TÉLÉGRAPHIQUE : LHOULIBRB-PARXS
FRANÇOIS ALBERT
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA RÉDACTION
JOURNAL QUOTIDIEN DU MATIN
Rédacteur en Chef : G. CLEMENCEAU
ABONNEMENTS tnlllltll Sx stli Ce m
PARIS, SEINE, SBT-OIa. 5 fr. tO fr, 20 fr.
DÉPARTEMENTS. 6 fr. 12 fr. 24 fr.
ETRANGER (UNION POSTALE).. 9 fr. 48 fr. 35 ft.
tOBUOTt, ANNONCES. PETITES ANNONCES : AUX BUREAUX Du LONUI
A. BERNIER
DIRECTEUR-ADMINISTRATEUR
La CmjmtiM
, de cal
Voici venir la question du maintien
ou de la clôture de la session parlemen-
taire. Comme j'ai eu l'occasion de le
dire, l'autre jour, la grande pensée du
règne est de débarrasser le gouverne-
ment du contrôle muet des deux Cham-
bres, qui ne peut le gêner en aucune
façon, — sénateurs et députés ne de-
mandant qu'à l'aider s'il demeure fidèle
à l'intérêt public, — mais dont la seule
présence suffit à le contrarier dans son
usurpation d'autocratie.
On n'a pas oublié avec quel entrain
de dévotion parlementaire M. Poincaré,
partant pour Bordeaux, invita le Parle-
ment à venir se ranger autour de lui.
Nos Ajax en pantoufles avaient besoin
ce jour-là d'un bouclier. En toute sim-
plicité d'esprit, Luxembourg et Palais-
Bourbon accoururent pour se voir ac-
cueillir, sous l'aile un peu défrisée de
MM. Antonin Dubost et Paul Deschanel,
en un casino délabré, où il leur fut
donné pour consigne de se présen-
ter autant que possible en ordre dis-
persé. Les braves gens s'étonnèrent un
peu, car il y a une grande part de can-
deur dans la « rouerie parlementaire »,
mais ils se dirent que puisqu'on les avait
appelés et qu'ils avaient répondu « pré-
sent », il ne leur restait plus qu'à at-
tendre au'on eût besoin d'eux.
Il n'était pas absurde, en effet, de con-
cevoir la pensée d'une collaboration
permanente de la représentation natio-
nale et du gouvernement. A vrai dire,
l'esprit du régime exigeait qu'il en fût
ainsi. Mais l'esprit du régime - l'événe-
ment n'allait pas tarder à le prouver —
était le moindre souci de notre troupe
d'artistes en tournée de gouvernement.
L'idée qu'il leur viendrait une force
d'un étroit accord avec les représen-
tants du pays dans la conduite ration-
nelle de la défense nationale, à l'heure
où le fléchissement de nos armes exi-
geait une concentration supérieure de
nos activités civiles et militaires, ne se
présenta point à leur pensée. Ils ne vi-
rent, en des patriotes qui ne deman-
daient qu'à bien servir, que des gêneurs
dont l'œil vigilant pouvait les contraindre
peut-être à des aveux de négligences, et
comme l'infatuation est la première con-
dition de l'insuffisance, le secours d'un
contrôle amical - efficace pour qui
n'avait en vue que le bien de l'Etat —
leur parut odieux. C'est pourquoi
MM. Antonin Dubost et Deschanel, ar-
rivant un matin, chacun à son casino
respectif, apprirent, dans les lueurs
d'auréole que leur faisaient des lam-
beaux de décors pour cafés-concerts,
que la porte était fermée, et que la clef
s'en trouvait au plus profond de la po-
che de M. Viviani.
Le plus beau fut qu'il se trouva des
députés et même des sénateurs pour
s'en émouvoir. Ils n'avaient comnris la
scène de l'orangerie de Saint-Cloud
qu'avec des grenadiers baïonnette au ca-
non, et se trouvaient mal préparés à
qui leur disait, en souriant : « C'est
la loi ! ». Et c'était la loi, en effet, une
loi qui n'avait pas prévu les Allemands
sur la Marne et sur l'Oise, et permettait
à dp présomptueuses faiblesses de s'ar-
roger une puissance sans contrôle, au
moment même où des hommes, qui
n'auraient eu de pensées que pour la
patrie, eussent senti le plus vivement
le besoin d'être contrôlés, c'est-à-dire
fortifiés de l'aide précieuise venue des
représentants autorisés du pays.
Il ne fut donc pas même besoin d'un
simili-Fructidor, et, de ce jour, com-
mença la sorte de gouvernement irres-
ponsable, — créée de toutes pièces par
M. le Président de la République, en
dehors de toute indication parlemen-
taire, — qui se donna pour mission de
faire, sans aucun contrôle, tout ce qu'il
voudrait. Ce programme, je dois recon-
naître qu'il l'a consciencieusement ap-
pliqué. Nous en arriverons, quelque
jour, à la révélation des conséquences.
Mais, ainsi que je l'ai déjà dit, c'est le
moindre embarras de nos doux maîtres,
estimant que l'insuccès aurait tout en-
traîné, fautes et bons services, dans le
même torrent tumultueux, tandis que la
victoire ne laissera plus de place qu'au
général besoin de s'embrasser.
Epanoui dans ces nobles pensées,
M. Viviani reçut la visite de quelques
protestataires qui venaient troubler de
paroles aigres-douces la sérénité de ses
jours. Parmi eux, une représentation de
la Gironde ne craignit pas de manifes-
ter son innocence par une demande d'ex-
plications. M. le président du conseil
refuse rarement une occasion de parler.
Il parla donc., en ces périodes nombreu-
ses qui sont la marque de son talent ora-
toire, et révéla d'un trait, à ceux qui
venaient l'interroger, un secret plein
d'horreur. S'il aivait dû clore la session
des Chambres, alors qu'elles n'étaient
pas réunies, c'est qu'un certain factieux,
dont vous trouverez le nom au bas de
cet article, avait conçu le projet révolu-
tionnaire de faire convoquer le Parle-
ment par une intervention, légale, mais
séditieuse, des deux présidents. Le dan-
ger de l'heure, à en croire le chef de no-
tre gouvernement, était moins dans la
présence des Prussiens sur la Marne et
dans l'impréparation de certains élé-
ments de la défense, qui leur avait
permis cette foudroyante ruée, que dans
l'intention criminelle d'un parlemen-
taire capable de concevoir la pernicieuse
pensée, en de telles circonstances, de
faire appel au Parlement.
« C'est M. Clemenceau, dit-il en ter-
mes. exprès, à des députés dont je puis
citer. le nom, qui m'a mis dans l'obliga-
tion de prononcer la clôture des Cham-
bres, car il avait conçu le projet — tout
près d'un commencement d'exécution —
de provoquer, au prochain jour, une
session du Parlement. Il était temps
d'aviser. »
Si ces paroles étaient mises en doute,
je me hâterais d'en fournir la preuve,
en invoquant le témoignage de ceux qui
me les ont rapportées.
Qu'était-il donc arrivé ? Comment
s'étaient manifestés les projets de Cati-
lina ? En deux mots, voici l'affaire.
J'étais un soir, aux bureaux de lHom-
me, alors libre, en train de corriger mes
épreuves, lorsque je vis entrer une dé-
légation d'une grande ville du Nord,
comprenant un membre de la munici-
palité, qui, ne sachant plus à qui avoir
recours, venait m'exposer des faits de
la plus haute gravité, dont les yeux de
mes interlocuteurs avaient été témoins.
Ecoutant ce récit, les sinistres souve-
nirs de 1870 se dressaient soudainement
dans l'angoisse de mon esprit. Je puis
bien dire, sans manquer aux devoirs
de la discrétion, que la question dont
on venait m'entretenir avait été déjà
portée à ma connaissance par un per-
sonnage autorisé,-- d'une opinion poli-
tique fort éloignée de la mienne — qui
m'avait fait appel, au nom d'un patrio-
tisme commun, pour prévenir de graves
dangers. Je m'étais tout aussitôt mis en
marche pour aller solliciter la vigilance
d'une très haute personnalité. La ré-
ponse que je reçus, je ne veux pas, je
ne dois pas la dire en ce moment. Mais
elle fut telle, que je ne vis plus, sous
notre décor de puissances gouvernemen-
tales, qu'une organisation d'irresponsa-
bilités.
L'extrême confiance qui m'était venue
de la marche excellente de notre mobi-
lisation et de la magnifique ardeur de
nos combattants reçut, j'en fais l'aveu,
une fâcheuse atteinte, et lorsque, au mal
qui m'avait été signalé pour un prochain
avenir, je vis succéder, d'après des té-
moignages authentiques, les faits qui
m'avaient été prédits, je me demandai,
en cette terrible crise, à qui je pourrais
recourir.
La défaite, que j'avais précédemment
rencontrée en haut lieu, me détournait
d'une nouvelle tentative, dont l'insuc-
cès, par l'événement même, ne m'était
que trop bien démontré. C'est ainsi que
le naturel progrès de mes pensées m'a-
mena à considérer que la puissance sou-
veraine, dans notre République, était
remise au Parlement, d'autant que, s'ils
le jugeaient nécessaire, les présidents
des deux Chambres avaient le pouvoir
de réunir les Chambres en session. Je ne
crois pas que ce fût la pensée d'un
factieux, et si j'avais la liberté d'expo-
ser les récits dont je reçus la confidence,
je ne crois pas qu'il se1 trouve un
bon Français pour me blâmer d'avoir
cherché l'appui de la souveraineté lé-
gale, pour des actes de défense militaire,
— à la veille d'événements qui amenè-
rent, sans même que le commun d'entre
nous y. eût été préparé, les Allemands
aux portes de Paris.
Et comment ma « conjuration » fut-
eue macmnee ; u une iaçon très simple.
Je demandai à mes trois visiteurs
s'ils étaient prêts à signer de leur nom
le témoignage qu'ils étaient venus m'ap-
porter, et lorsqu'ils m'eurent répondu,
tout d'une voix, par l'affirmative, décla-
rant qu'ils étaient venus pour cela, je
priai immédiatement, par la voie du
téléphone, MM. Antonin Dubost et
Paul Deschanel de vouloir bien re-
cueillir le soir même la déposition qui
venait de m'être apportée. Ces mes-
sieurs voulurent bien agréer ma propo-
sition, et pour corser ma conjuration,
je me permis de solliciter de M. Ribot
de consentir à se joindre à moi, — mar-
quant ainsi, n'est-ce pas, la noirceur de
mes opérations subversives. Puis M. le
sénateur Perchot m'étant venu voir, je
ne pus me tenir de lui faire mes confi-
dences, et il fut convenu qu'il m'accom-
pagnerait. Si j'avais rencontré dix ou
cent parlementaires, je les aurais sup-
pliés de venir.
La réunion eut lieu, quelques heures
plus tard, dans le cabinet de M. Descha-
nel, dont j'admirais, pour la première
fois, les splendeurs. Contraste doulou-
reux du décor et des réalités cruelles
qui y apportaient un trop poignant com-
mentaire. Solennellement interrogés,
les témoins firent leur récit qu'ils si-
gnèrent, après l'avoir eux-mêmes ré-
digé. Le document doit être encore aux
mains de M. Paul Deschahel. M. Ribot,
(avec qui je n'avais pas eu de conversa-
tion préalable), aussi bien que M. Per-
chot ou moi-même, nous fîmes of-
fice de témoins. Aucune proposition
d'aucune sorte ne fut formulée par au-
cun de nous. Il nous sembla que pleine
liberté devait être laissée à l'initiative
des deux présidents.
Je n'ai point à cacher qu'en ce qui
me concerne, si j'avais eu l'honneur
d'occuper la place de l'un d'eux, j'au-
rais cru que ma responsabilité me
conviait à un devoir d'action, sous
une forme à déterminer. Dans leur
pleine indépendance, ces messieurs en
jugèrent autrement. Ils ne pensèrent
pas même que la simple courtoisie pût
les inciter à me faire savoir quelle suite
ils avaient donnée à la requête d'une
grande ville éplorée. Je n'en ai jamais
parlé à M. Dubost, et M. Deschanel,
qui vint me faire visite à Bordeaux,
n'ouvrit pas la bouche à ce sujet. J'ai
su, depuis, que l'un d'eux avait allégué
que, M. Ribot ayant accepté de faire
partie du nouveau cabinet, il leur avait
paru inutile d'entrer, sur cette affaire,
en conversation avec le gouvernement.
Voilà ma conjuration. Je n'en désa-
voue rien. Je ne m'en vante pas davan-
tage. Mon acte, où' ie défie qu'on voie
une autre préoccupation que celle de la
patrie à secourir, fut de pure défense
nationale. Il a fallu des Viviani, et d'au-
tres à qui je fais la grâce de ne pas les
nommer, pour y chercher de basses pen-
sées où je n'aurais pu être que le reflet
de leurs propres cogitations. Ainsi, mes
collègues du Parlement apprendront
pourquoi, de l'aveu de M. Viviani lui-
même, le cabinet a cru devoir clore une
session qui n'était point ouverte, dans
la crainte (bien chimérique) d'un con-
trôle du Parlement. A chacun sa res-
ponsabilité.
Quand le grand avocat — un avocat
d'action — qui abattit Catilina l'ancien
eut pris sur lui de disposer du sort des
coupables, il parut au sommet des de-
grés des Gémonies, et, devant la foule
enfiévrée de passions contradictoires,
jeta superbement, en audacieuse som-
mation d'une responsabilité qui venait
s'offrir, le mot terrible : Fuere. ILS
ONT vÉcu. Voilà ce qu'on ne dira jamais
de MM. Millerand, Viviani, Poincaré.
G. CLEMENCEAU.
A la suite de la décision prise par
notre rédacteur en chef d'envoyer à tous
les membres du Parlement le texte inté-
gral de ses deux derniers articles sur
les embusqués, un certain nombre de
nos abonnés nous ont demandé à béné-
ficier du même avantage.
Heureux de pouvoir leur donner cette
satisfaction, nous informons tous nos
abonnés que nous leur adressons, par
la poste, ces deux articles non mutilés.
Échos
Le coton, maintenant
'Après les trains de denrées, voici que des
trains successifs chargés de coton' sont di-
rigés sur la Suisse, après un long transit
en France.
De nombreux lecteurs nous signalent les
faits et s'en inquiètent..
ww
Pas de représailles
Les discours prononcés dans les deux
Chambres anglaises aux cours des débats sua
les mauvais traitements infligés, par les Al-
lemands, aux prisonniers anglais, révèlent
nettement une exaspération des sentiments
d'hostilité à l'égard de l'ennemi boche. D'un
ton calme et r ésolu, plus impressionnant et
plus expressif que toute rubrique, les ora-
teurs qui se sont succédé ont exprimé le
vœu que pleine réparation fût exigée.
Cependant, aucun d'eux n'a demandé de
représailles aux dépens des prisonniers alle-
mands en Angleterre. « La peine du talion
n'est plus anglaise », comme l'a très bien
dit un des orateurs, :lord Newton, qui, pré-
cisant sa pensée, a ajouté : « Dans une
course à la brutalité, il est de notre devoir
de nous faire distancer dès l'abord. »
Même le « traitement spécial » infligé
aux équipages de sous-marins. qui avait été
défendu par M. Winston Churchill comme
« juste et nécessaire a , n'a pas trouvé d'au-
tre appui. On a convenu que les peines frap-
peront, quand la guerre sera fini, ceux qui
avaient ordonné et couvxjrt ces atrocités.
Nous progressons toujours en Belgique
Attaques austro - allemandes repoussées
* au nord de la Vistule et dans les Carpathes
»
On comptait sur la vétusté des forts de
la cote d'Europe et d'Asie, sur leur man-
que de munitions, sur la maladresse des
artilleurs.
D'autre part, on fondait les espoirs les
plus certains sur l'artillerie lourde des
superdreadnoughts anglais, quant à leur
puissance de tir et au poids de leurs pro-
jectiles.
Ceux-ci ont répondu à ce qu'on attendait
de leur action, mais la défense des détroits
était mieux organisée qu'on ne le suppo-
sait. Il s'en est suivi l'échec, par mer, de
la flotte franco-anglaise.
Pendant deux mois, à la suite de cet
insuccès, nous avons formé un corps ex-
péditionnaire destiné à opérer sur terre.
Après divers avatars, cette armée, compo-
sée d'Anglais et de Français, a débarqué
sur divers points du territoire turc. Les
Ottomans avaient eu le temps de se prépa-
rer à nous recevoir, sous la direction ues
officiers allemands
Nous avons trouvé les côtes de la pres-
qu'île de Gallipoli hérissées de fils de fer
barbelés, percées de trous garnis de piques
aiguisées. La résistance à notre débarque-
ment et à notre avance a été forte ; nous
en avons triomphé.
Mais il ne faut pas croire que les opéra-
tions contre les troupes turques seront fa-
ciles. Nous irons, certes, à Constantinople,
mais après des efforts coûteux et persé-
vérants.
Communiqués officiels
45 heures.
En Belgique, nous avons continué à pro-
gresser, en liaison avec les troupes beiges,
vers le nord, sur la rive droite du canal
de l'Yser. Nous avons fait cent cinquante
prisonniers et pris deux mitrailleuses.
Rien de nouveau sur les lauts-de-Meuse
ni dana les Vosges.
L'ennemi a. Íbomoovdlé par avions avec
des obus incendiaires la ville ouverte
d'.Epenrl:ay, exclusivement occupée par des
formations sanitaires.
Des renseignement précis annoncent que
lie zeppelin qui a jeté des bombes il y a
'huit jours sur Dunkerque, gravement at
teint .par notre artiliterie, et complètement
Ihors de service, s'est édhioué dans des ar
bres entre Bruges et,-Gand.
23 heures.
Journée calme. Pendant la nuit de mer
credi à jeudi, deux attaques allemandes
l'une contre les troupes belges, au non
d'Ypres, l'autre aux Eparges, ont été faci
lement repoussées.
COMMUNIQUÉ ANGLAIS
Londres, 28 avril. — Communiqué du
maréchal Frenah, du 28 avril :
Le combat a continué pendant toute la
journée d'hier au nord-es.i: d'Yprea.
Nos opérations, faites de concert avec les
Français, ont arrêté définitivement les at-
taques allemandes, qui ne se sont pas
renouvelées.
Depuis hier matin, il n'y a plus d'Alle-
mands à l'ouest du canal, sauf à Etteen-
fraat, où ils ont établi une petite tête de
pont.
Les Français et les Anglais, en JVae de
modifier leurs postions, ont dû livrer des
contre-attaques au nord du saillant
d'Ypres.
Pour résister à ces contre-attaques, les
Allemands ont eu de nouveau recours à
l'emploi de gaz asphyxiants et à des obus
fabriqués en violation de la convention
de !a Haye.
Rien à signaler sur le reste du front.
DEUX COMMUNIQUÉS RUSSES
Pélrogmd, 27 avril. — Communiqué du
grand état-maijor :
Le 27, les éléments ennemis ont mani-
festé une activité ini&nse dans les direc-
tions de Tilsitt, Szawle et Yurborg, sur le
haut Niémen.
A Pouest du Niémen, sur la Szeszupa,
des rencontres se sont produites, qui ont
tourné à notre avantage.
Près de Kalv/arja et prite dOssowiec, on
ne signale qu'une canonnade.
Au nord de la Narew, dans la matinée
du 27, les Allemands ont tenté plusieurs
attaques sur les deux rives de l'Orzyc.
Nous avons repoussé plusieurs attaques,
après des IICOmbats à la baïonnette, dans
les environs du village de Jednorozec.
A l'ouest du chemin de fer de Mlawa,
nous avons repoussé aussi les tentatives
des avant-gardes ennemies pour pousser
en avant.
l'Jans les Carpathes, près du col d'Uzsok,
nfJUS avons repoussé, le 26, et dans la nuit
du 27, des attaques que l'ennemi avait di-
rigées isolément, mais avec une grande
'énergie, contre les hauteurs situées au
nord-est des villages de Lubnia et de
Butna. Llennemi a éprouvé des pertes im-
portantes, notamment sur nos barrages de
fil de fer.
Dans la direction de Stryj, les combats
acharnés continuent.
Dans ta région qui s'étend au sud de
Koziowka, l'ennemi a tenté le 25 un assaut
contre notre front KozSowka-Golowiec, mais
il a été repoussé par des contre-attaques
heureuses à la baïonnette.
Pétrograd, 29 avril. — Communiqué de
l'état-major die l'armée du Caucase, du
27 avril :
On signale une escarmouche insigrfx-
fiante da~c la réxlon du Transtehorokh
Dans l'Azerbeidjan, nos détachements
avancés ont délogé tes Turcs de Kotour.
Pas de changement sur les autres fronts.
COMMUNIQUÉ AUTRICHIEN
Amsterdam, 28 avril. — Communiqué
autridhiien :
« Dans les Carpathes et en Pologne
russe, de violents duels d'artillerie ont eu
lieu.
« Notre artillerie a fait sauter deux dé-
pôts de munitions ennemis. Dans la région
à l'est de .La ihauteur d'Ostry, nous avons
repoussé plusieurs attaques nocturnes. Au
sud-est de la Gailicie et en Bukovine, rien
d'important à signaler. »
L8 Perte du Il Léon-Gambett8
i ———
LE CROISEUR-CUIRASSÉ A ÉTÉ COULÉ
PAR L' « U-5 »
Amsterdam, 29 avril. — D'après une dé-
pêche de Vienne, le département naval an-
nonce que c'est le sous-marin U-5, comman-
dé par le lieutenant Georges Ritter von
Trapp, qui a torpillé et coulé le croiseur
cuirassé Léon-Gambetta dans la mer Io-
nienne.
FUNÉRAILLES DE 59 VICTIMES
Castrignano-del-Capo, 29 avril. -' Hier
ont eu lieu les funérailles de 59 marins du
croiseur-cuirassé Léon-Gambetta. Les cer-
cueils disparaissaient sous les fleurs que
la population avait déposées sur chaque
bière.
En tête. du cortège marchait un peloton
des matelots survivants du Léon-Gambetta,
entourés des officiers et des marins des
torpilleurs italiens.
Les survivants, a. l'issue de la cérémonie.
se sont embarqués pour Syracuse, sauf
une quinzaine de blessés, qui ont été trans-
portés à l'hôpital de Brindisi.
UN TÉLÉGRAMME
DU MINISTRE DE LA MARINE
Le ministère de la marine communique la
note suivante :
A l'occasion de-la perte du croiseur-cui-
rassé Léon-Gambetta, M. Victor Auga-
gneur, ministre de la marine, a adressé à
M. le vice-amiral Boué de Lapeyrère, com-
mandant en chef la première armée. na-
vale, le télégramme suivant :
Je vous exprime, au nom du gouvernement,
ainsi qu'à l'armée sous vos ordres, toutes nos
sympathies et nos regrets émus. L'héroïsme
des états-majors restés stoïquement à leur
poste et la bravoure de tous les marins vien-
nent de s'affirmer à nouveau par.la fin du
l.éon-Gambetta. Pour continuer la guerre vers
la victoire définitive, le gouvernement de la
République sait qu'il peut compter sur tous.
D'autre part, rattaché naval de France
à Rome a reçu du ministre de la marine
l'ordre de se rendre auprès du ministre de
la marine italienne pour le remercier de
l'empressement avec lequel les autorités
navales italiennes ont organisé les secours.
LES REMERCIEMENTS
DU GOUVERNEMENT FRANÇAIS
A L'ITALIE
Rome, 29 avril. — L.'Idea Nazionale an-
nonce que M. Barrère a rendu visite, hier
matin, à M.. Sonnino, ministre des affaires
étrangères, et qu'il a communiqué à ce
dernier un télégramme par lequel le gou-
vernement français exprime la plus vive
reconnaissance envers l'Italie pour l'affec-
tueux et prompt secours apporté aux sur-
vivants du Léon-Gambetta, non seulement
par les autorités militaires et civiles, mais
aussi par la population italienne.
LES SYMPATHIES ANGLAISES
Londres, 29 avril. — L'Evening Standard
écrit :
De ce côté de la Manche nous sympathisoné
avec les Français en raison du désastre du
Léon-Gambetta. Les pertes qu'ils ont éprou-
vées sont nôtres. Unis par des liens indes-
tructibles. par les armes et par le cœur, ce
deuil nous rapproche encore plus étroitement
et nous rend plus que jamais décidés à tenir
jusqu'au bout.
La Pall Malt Gazette écrit :
Le sous-marin vient encore de prouver son
pouvoir destructif. Nous qui avons souffert de
cette guerre sous-marine, nous avons le dou-
loureux devoir d'offrir toutes nos sympathies
à la flotte alliée française pour la perte du
Léon-Gambetta.
Le Forcement des Détroits
AVANCE DU CORPS EXPÉDITIONNAIRE
DANS LA PRESQU'ILE DE GALLIPOLI
Londres, 29 avril. — Le ministère de la
guerre publie la note suivante :
« Malgré la résistance continuelle qui
leur fut opposée, nos troupes se sont éta-
blies transversalement à l'extrémité de la
presqu'île de Gallipoli ; leur ligne va d'un
point situé au nord-est d'Eski-Nissarlik
jusqu'à J'embouchure d'une rivière sur la
côte opposée.
« Elles ont repoussé aussi toutes les atta-
ques à Sari-Bair et avancent constamment.
« Les Turcfe avaient fait de nombreux
préparatifs pour entraver notre débarque-
ment ; les barrages de fil de fer s'étendaient
au-dessous des vagues, aussi bien que sur
terre et des fosses profondes, dont le fond
était garni de pointes de métal, avaient été
creusées pour arrêter nos troupes ; celles-
ci ont surmonté tous les obstacles. »
LES FORCES TURQUES
AUX DARDANELLES
Athènes, 29 avril. — Selon des infor-
mations reçues de Constantinople, les for-
ces turques réunies dans la presqu'île de
Gallipoli et aux Dardanelles s'élèveraient
au total de 50.000 hommes environ.
De nouveaux corps, placés sous le com-
mandement d'officiers allemands, seraient
dirigés vers Les points stratégiques sur les
bords de la mer de Marmaira.
(La suite en deuxième MM Y
Carnet des Embusqués
Nous, n'avons pas l'habitude de nous atta-
cher à des personnalités. Mais plusieurs jour-
naux de Paris avant cru devoir entretenir
leurs lecteurs de f « affaire Tenot », nous ne
résistons pas davantage au désir de publier
la lettre suivante :
Monsieur le rédacteur en c-be-,
Le Journal officiel du 18 avril, nous a
appris qu'en rem placement de M. Gabelle,-
appelé à d'amtres fonctions, M. Tenot était
nommé directeur' de l'enseignement tech-
nique iaju ministère du commerce.
M. Tenot n'est donc pas soldat ? Il n'a
pas cpairante ans. Il passe pour habitué
aux luttes politiques, ce qui suppose quel-
ques aptitudes bellliq,â,eus.es. Je l'imagine
néanmoins dégagé, légallement, de toutes
obligations militaires : est-Ce à M .T.anoi
qu'il convient de faire appel pour diriger
un service qui sera, demain, t.un des roua-
ges 'les plus importants de la' machine ad-
ministrative ? Me sera-t-il permis d'insi-
nuer que pour occuper un tel poete il eût.
été peut-être bon de cihoisir un homme da
compétence éprouvée ?
N'ôtes-vous pas d'avis surtout qu'il au-
rait été préférable, pour procéder à cette
nomination, d'attendre que tous les can-
didats, partis pour la front, en fussent
revenus ? L'un d'eux, inspecteur générai
de renseignement technique, est en terrh
toire envaihi ; on n'a pas de ses nouvelle®
depuis des mois. A-t-on eu naision de pren..
dre son silence pour une renonciation ï
Et ne pensez-vous pas qu'au temps où
nous vivons il conviendrait de ne pas ré-
server les places intéressantes à ceux que
les circonstances tiennent éloignés d,u
front ?
Veuillez .agréer, etc.
L utilisation des forces
mobilisables. en Hongrie
D'après un télégramme de Budapest 4
â agence Wolff, la Chambre Hongroise,
après des déclarations patriotiques d'An..
drassy, au nom de l'opposition, a voté à"
l'unanimité la loi (appelant les (hommes de
18 à 50 ans, à la condition que le deuxième
ban du landsturm et les recrues de .JS-
ans ne pourront être convoqués sur le front
que lorsque les troupes de première ligne
et les réserves auront été complètemenl
appelées. -//
L'appréciation d'un Neutre
NOS TROUPES
JUGÉES
par le correspondant
du "New-York Times'*
M. Wythe Williams, dont nos lecteurs ont
déjà pu apprécier Je témoignage,, a été auto-
risé. à parcourir les lignes françaises. C'est
un observateur précis qui a su voir et juger
l'armée française: Il va publier SM1 impris.
sions dans le New-York Times. Nous en' ex-
trayons ces passages très intéressants :
Sous la direction d'un officier de l'état-
major du général Joffre, je viens de faire
ma deuxième tournée le long d'un grand
secteur du front français. D'après ce que
j'ai vu de l'armée française — dont la
campagne de printemps est maintenant
bien commencée, — j'ai la certitude que
j'ai été témoin du commencement de la.
fin de l'Allemagne, -7 dans le théâtre occi-
dental .au moins, — ce qui veut dire du
commencement de la fin de la guerre. Je
suis sûr qu'il y aura très peu de « sensa-
tionnel » dans tout ce qui sera écrit sur
cette offensive qu'on appellera « l'offensive
de Joffre », car ce Napoléon de 1915 a
abandonné la stratégie à grands effets de
son modèle, désuète dans la guerre mo.
derne. La seule différence entre son « gri-
gnotage » de l'hiver et le « grignotage »
de maintenant est que, ces jours-ci, il
« grignote » à plus grandes bouchées. J'ai
vu ie mur d acier de la France avancer
pouce par pouce, kilomètre par kilomètre,-
et sa pression devenir chaque jour plus
intolérable pour les Allemands. Nulle •
force humaine ne peut résister à cette
poussée terrible et méthodique. Un jour
viendra où leurs lignes s'effondreront d'un
coup. C'est déjà avec une fureur désespé-
rée que les Allemands contre-attaquent,
en rangs serrés, poussant leurs « Horils),
rauques comme des rugissements de bêtes :'
affolées, et le vacarme de l'afrtillerie fran-
çaise éteint tout cela en les fauchant avec
sa précision fatale.
J'ai visité une tranchée d'observation,
bien en avant des lignes, j'y suis parvenu
en rampant sans bruit, — toute parole
était défendue, — et j'ai vu, à l'aide d'un
périscope, les tranchées allemandes à vingt
mètres à peine. Dans l'intervalle s'entre-.
mêlaient une masse de fi.15 de fer barbelé,
et mon guide attira, mon attention sur
plusieurs fils coupés. Quand nous fûmes
revenus de ce point dangereux, il m'expîi.
qua que deux nuits auparavant l'ennemi
s'était élancé et avait réussi à couper la.
moitié des fils avant que l'alerte fût don-
née.
Quarante secondes plus tard, ni plus ni
moins, l'artillerie française travaillait, et
ce fut une boucherie. Dans nos tranchées,
les fantassins n'eurent presque point à
tirer, si admirablement à point fut le tra-
vail d.es « soixante-quinze ». Et pour l'exé-
cuter les servants des batteries, cachées à
quelques kilomètres en arrière, reçurent
l'ordre de tirer sur un point qu'ils ne
voyaient pas, mais déterminé par les chif-
fres du mathématicien à l'autre bout du
téléphone. De tels incidents sont fréquents
tout le long de la ligne, toujours la nuit,
et chaque fois les Allemands y perdent.
Nous eûmes les preuves usuelles de la
brutalité teutonne. Nous étions à Amiens
quand les aviateurs allemands firent une
attaque contre la cathédrale. C'était l'aube,
nous nous préparions pour une bonne
éta,pe en auto, quand des bombes tombée
rent à quelques centaines de pas et tuè-
rent des femmes et des enfants, sans at4
teindre la cathédrale. Le commandanf
d'artillerie nous raconta que, pendant une
attaque allemande qui eut lieu peu avant
notre arrivée, on entendit des femmes hur.
ler. Une compagnie française avança vers
ces cris. Un officier allemand cria ( Ne
tirez pas, il y a des femmes devant nous. ):
Ces Dionniers de la civilisation avait réttjg
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